Qu'il soit considéré comme un être cruel prêt à pactiser avec les démons, ou comme le grand héros historique qui a su se lever pour unifier le Japon à feu et à sang, Nobunaga Ôda est dans tous les cas un VRP de luxe pour Koei. Avant d'être connu en Occident comme le recycleur de Dynasty Warriors, l'éditeur japonais a bâti une partie de sa fortune sur les ambitions de Nobunaga, en déclinant une multitude de jeux tout à sa gloire. Après s'être aventuré dans l'histoire romancée de la Guerre des Trois Royaumes avec Kessen II, Koei revient à ses premières amours avec ce troisième volet aux hormones. Retrouvailles avec un héros hors norme, dont l'ascencion sera relatée durant treize chapitres placés sous le signe de la stratégie... euh, plutôt de l'action en fait.
Ode à Nobunaga
Kessen III peut grosso modo se découper en trois phases de jeu : les préparatifs, le conseil de guerre et la bataille proprement dite. La distinction s'opère facilement, car même si le jeu reste chargé en menus, la navigation est suffisamment bien pensée et claire, en français de surcroît, pour ne pas se perdre en chemin. Les préparatifs prennent place sur une map de la région où sont disposés la forteresse de Nobunaga, un magasin, et plusieurs types de batailles. Le château permet de faire le point sur l'état des troupes, de consulter les annales des batailles précédentes, tout en gérant la partie équipement. En effet, à la manière d'un RPG, chaque commandant dispose de statistiques de base, qu'il est possible d'augmenter grâce aux points d'expérience en fin de combat, mais aussi par l'intermédiaire de différents artefacts. Les armes pour l'attaque, les armures pour la défense, les casques pour la "magie" au sens large, et un objet spécial seront recommandés pour obtenir des bonus de stats, mais c'est avant tout le type de troupes "équipé" qui déterminera la valeur d'un général au combat. Lanciers, fusiliers, archers, ninjas, troupes montées ou non, le choix est suffisamment vaste pour constituer une armée à peu près équilibrée. Pour recruter de nouvelles unités plus puissantes, le joueur pourra soit partir à la recherche des éventuels trésors disséminés sur les maps, soit compter sur une récompense en fin de bataille. Se tourner vers le magasin restera néanmoins le moyen le plus fiable de recruter de meilleures troupes. L'or étant une denrée rare, le joueur aura d'ailleurs tout intérêt à échanger les troupes entre ses différents soldats avant de revendre les éléments les plus faibles. Le niveau des personnages est également un aspect déterminant au moment de partir au front, certaines batailles vous imposant même de déployer certains personnages importants. C'est pour cette raison que le jeu divise les différents affrontements en trois classes, avec les escarmouches, indépendantes du scénario, pour augmenter le niveau des généraux à la traîne, des batailles scénarisées qui feront avancer l'intrigue, et les batailles décisives qui concluent généralement le chapitre. Il sera malheureusement impossible de prendre part à toutes les batailles scénarisées dans une même partie, le choix de l'une entraînant la disparition de l'autre, ce qui obligera le joueur à refaire plusieurs fois le jeu s'il souhaite voir l'intégralité des missions. Heureusement, une option New Game + en fin de jeu - vingt heures environ - permettra de conserver quelques objets pour se faciliter la vie.
Le conseil de guerre consiste principalement à disposer les troupes avant la bataille. Et encore, on peut difficilement parler de placement, puisque les zones de déploiement sont déjà fixées par avance. Il suffit juste de boucher les trous avec les personnages qui paraissent les plus appropriés à la mission, ou les plus frais ; la fatigue, qui se répercute d'une bataille à l'autre, peut avoir une incidence sur l'efficacité des soldats. Pour former ses régiments, le joueur devra d'abord désigner une troupe de commandement, puis une à deux escouades de soutien, le nombre de troupes étant limité avant même le début de la bataille. Les novices pourront s'ils le souhaitent choisir l'option de placement automatique pour laisser l'I.A. choisir et positionner les officiers à leur place. Première (et mauvaise) surprise, les ordres que l'on peut donner sont particulièrement basiques et simplistes. En fait, après avoir indiqué l'endroit-cible du bataillon en traçant une jolie flèche, les possibilités d'action se limitent à une poignée de choix : laisser l'initiative à l'I.A., demander de foncer dans le tas ou bien rester en position de défense. Pas d'embuscade, pas d'escouade pour servir d'appât, pas de forteresse ou de palissade à construire, pas de ressources à gérer... rien. En plus, les ordres ne peuvent s'appliquer qu'au seul leader de chaque unité, soit deux à trois personnages grand maximum ; les troupes de soutien se contenteront de suivre. Cela peut sembler archi-pauvre au premier abord, mais le système est heureusement un peu plus flexible dans la pratique. Déjà, même si les troupes annexes feront tout pour rester à proximité du leader, elles iront d'elles-mêmes au combat quand l'ennemi approche. Ouf. En plus, étant donné que les nombreux renforts n'apparaissent pas sur la carte de base, une stratégie trop alambiquée peut aboutir à une sérieuse déroute. Il faudra donc faire preuve d'adaptation tactique une fois sur le champ de bataille, et c'est justement pour cette raison que Koei a largement modifié le système de jeu.
Désormais, c'est l'action qui prévaut. La vraie, la musclée, avec des grands coups de carré bourrins pour balayer les lignes ennemies. Koei n'oublie pas ce qu'il doit au public de Dynasty Warriors, et visiblement Kessen III leur rend un vibrant hommage. Mais attention, n'allez pas croire que le jeu soit devenu un véritable concentré de boucherie comme son homologue beat'em all. Le parti-pris action permet juste de rendre le jeu plus fluide et plus fun, tout en conservant un minimum de sens tactique. Dans les faits, les combats se déroulent en simili-temps réel, c'est-à-dire que le joueur doit donner lui-même les coups, comme dans un jeu d'action, tout en appuyant sur R1 pour déclencher les attaques des unités de soutien. Seulement, si les personnages donnent des grands coups de lance, la gestion des collisions et la résolution des combats répondent à toute une batterie de paramètres qui empêchent d'y voir un jeu d'action à part entière. Par exemple, un détail, mais pour optimiser les dégâts dans les rangs adverses et éviter toute dispersion, le joueur devra avant tout penser à bien garder ses rangs compacts, et pas seulement à mitrailler Carré jusqu'à ce que l'ennemi capitule. Une petite icône placée près de la barre de vie est d'ailleurs présente pour savoir à tout moment si les troupes sont bien alignées, L1 servant justement à remettre de l'ordre dans les rangs. Bien entendu, si l'ennemi charcle gaiement dans vos bataillons, il vaudra mieux tenter un repli stratégique pour se repositionner plutôt que d'essayer de sauver les meubles avec des soldats démobilisés, qui tout au plus feront 20 à 30 de dégâts. Comme dans tout jeu de stratégie normalement constitué, le terrain est une donnée fondamentale, que ce soit pour les archers, qui aiment bien canarder en hauteur, ou la cavalerie, qui aura tout intérêt à prendre de la vitesse pour empaler ces pauvres lanciers. Mais le meilleur moyen pour éliminer les unités adverse consistera à les encercler ou à les prendre à revers pour mieux les enchaîner.
Si les ordres paraissent trop limités à première vue pour ce genre de manoeuvres, il est tout à fait possible de les réaliser sur le champ de bataille avec un minimum de pratique. En appuyant sur Start, le joueur peut déjà modifier les endroits-cibles des unités amies, idéal pour entamer une manoeuvre de flanc, par exemple. Et surtout, Kessen III vous autorise à zapper d'une unité à l'autre en plein combat pour en prendre le contrôle, ce qui est à la fois très efficace et bien pensé. Tout se passe très rapidement, sans le moindre temps de chargement ; une pression suffit à stopper l'action pour choisir l'unité. Du coup, en passant d'un général à l'autre, tout en commandant les déplacements de l'I.A., il est possible de faire un vrai carnage dans les rangs ennemis. Pris séparément, ni la stratégie ni les combats de Kessen III ne retiendraient l'attention. Et pourtant, l'alchimie est captivante. On prend un pied fou à coordonner les assauts de ses troupes, à foncer dans le tas avec la cavalerie, zapper sur les lanciers pour charcuter les troupes dispersées, et regarder les archers finir le travail au loin. En plus ce Kessen III ne manque pas de subtilités, avec l'apparition de palissades et de tours de guet qu'il faudra détruire, ou plus simplement éviter, pour ne pas voir ses propres attaque interrompues par plusieurs volée de flèches. Chaque type de troupe dispose en outre d'une attaque spéciale à déclencher en maintenant Triangle appuyé, pour charger l'attaque avant son exécution ; attention, si l'ennemi a le malheur de contre-attaquer en pleine charge, les dégâts encaissés seront bien plus élevés que la normale.
Au fil de la bataille, le joueur pourra reconstituer la jauge de compétences de ses généraux, pour lancer des "sorts" aux effets multiples. S'il devra se contenter au départ de simples altérations de stats ou de simples sorts de guérison, le joueur pourra acquérir au fur et à mesure des sortilèges à zone d'effets et autres parchemins de ninjutsu surpuissants, l'occasion de faire apparaître sur le champ de bataille des grenouilles géantes, comme dans Naruto. La puissance des sorts augmente soit en équipant le parchemin, soit en utilisant directement la compétence sur le champ de bataille. Autre finesse : il sera éventuellement possible de recruter des personnages spéciaux, comme Goemon le ninja, en réussissant à les battre dans le mode Saccage, une phase de jeu en temps limité qui rappelle Dynasty Warriors en beaucoup moins maniable, malheureusement. Bref, Kessen III reste un jeu riche malgré son apparente simplicité, et une fois les bases du didacticiel bien assimilées, le temps de deux ou trois batailles, il sera vraiment possible d'apprécier le jeu à sa juste valeur. Dommage que la plupart des missions consistent simplement à foncer dans le tas pour éliminer le général ennemi, un manque de variété qui se ressent surtout dans les missions subsidiaires, les missions scénarisées demandant parfois de défendre une position ou d'empêcher la fuite d'un daimyo ennemi. On aurait surtout aimé que l'I.A. n'ait pas cette malheureuse tendance à foncer dans le tas dès que vous passez dans son champ de vision, car il suffit de l'attendre patiemment en préparant son attaque Triangle pour aussitôt la démonter. Même si les unités ennemies ont le réflexe de se précipiter sur vos archers, s'ils en ont l'opportunité, le jeu reste globalement bien trop facile, et les bonnes notes de fin de mission sont légion, même pour les objectifs les plus ardus.
Même trop simple, Kessen III reste très agréable à jouer, d'autant plus que la réalisation est soignée, du moins pour un jeu de stratégie temps réel comme celui-là. Ce troisième volet fusille déjà Kessen II, à tous les niveaux. Il n'y a encore guère que les cinématiques, ultra léchées dans les deux cas, pour soutenir la comparaison. Les visages des personnages sont beaucoup plus fins, et les environnements ne ressemblent plus aux plaines post-apocalyptiques de Ken le Survivant, au risque d'être un peu trop valonnés. Ils ont en plus le mérite d'être variés, la végétation évoluant au gré des saisons. La distance d'affichage très correcte et le frame rate sans accroc, même en cas de surcharge à l'écran, tendent à confirmer qu'on fait face à une grosse production. Après, il s'agit d'un jeu de stratégie temps réel sur PS2, et il ne faut pas s'attendre à voir une foule de détails sur tous les chevaux de la cavalerie ou des animations d'une fluidité magistrale, puisqu'on reste dans une représentation assez schématique. Les temps de chargement ne sont pas particulièrement longs pris individuellement, mais ils ont tendance à se multiplier pour accéder à tel ou tel sous-menu, ce qui peut agacer. Les rotations de caméra peuvent occasionnellement poser quelques problèmes pour la lisibilité de l'action, surtout quand il s'agit de correctement positionner son unité face aux soldats adverses. Heureusement, le recentrage de caméra placé sur L1 permet également de resserrer les rangs, pour faire d'une pierre deux coups. Ajoutons enfin une bande-son épique apte à transcender toutes les situations, le choix des voix japonaises qui évitent de subir un nouveau massacre des doubleurs marseillais, et vous obtenez un jeu de stratégie vraiment prenant, à défaut d'être fin.
Par Puyo, www.gamekult.com
Publié le 4 Mai 2005
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Kessen III is the first sequel to the series in almost four years and will be notable for several sweeping changes to the widely respected franchise. The series’ Crowd Engine that was used in the original Kessen has been completely rebuilt to deliver the most exciting battle scenes and action-oriented gameplay in the series- all in full 3D. Unlike any of the previous Kessen games in the series, players will have direct real-time control of troop movements, offensives, and defensive maneuvers. Moreover, allied units can join the player-controlled unit to create combination attacks!
Kessen III features non-linear stage selection, an officer and troop development system, and a process that allows players to equip officers with over 450 weapons, helmets, and samurai armor. The game's deep and compelling narrative will unfold throughout 120 combined minutes of movie sequences, accompanied by a stirring musical score from legendary composer Reijiro Koroku.