Le dilemme va être cornélien pour les possesseurs de Dreamcast amateurs de jeux de rôle. Alors que Skies of Arcadia et Phantasy Star Online sont déjà attendus avec impatience par les fans, voici que se profile Grandia 2, tout aussi prestigieux. Faute de pouvoir les départager et plutôt que de se résigner à des sacrifices douloureux, le joueur éclairé repartira avec les trois. Aussi différents dans la forme que dans le fond, les titres précités restent définitivement indispensables, et c'est maintenant au tour de Grandia 2 de vous le prouver.
Après Lunar et Grandia premier du nom, les développeurs de Game Arts semblent avoir enfin atteint avec Grandia 2 le but qu'ils s'étaient fixé à l'origine : à savoir concevoir un jeu qui puisse s'appuyer à la fois sur une réalisation de grande classe, une aventure riche et un gameplay novateur. Tout ici a été pensé pour offrir au joueur un maximum de plaisir ludique et lui donner l'impression de redécouvrir le jeu de rôle sous un angle nouveau. Afin de rendre l'aventure aussi passionnante qu'agréable au regard, Game Arts est même parvenu à tirer la quintessence des possibilités graphiques de la 128 bits de Sega, en proposant un univers intégralement en 3D, incroyablement riche en couleurs et en détails, et des personnages bénéficiant d'une modélisation parfaite.
Le scénario lui-même sort des sentiers battus et évite le syndrome classique du héros un peu niais et soumis qui part sauver sa princesse imprudente. Grandia 2 vous place en effet aux côtés de Ryudo, un garçon mal aimé à cause de son statut de Geohound, et par conséquent méfiant et dur envers les autres. La route de cet aventurier un peu atypique le conduira à s'allier avec des personnages aux caractères opposés mais complémentaires, ce qui déclenchera de nombreux gags typiquement manga. Cet humour et ce charisme qui se dégagent des personnages permettent de s'immerger rapidement dans une quête de longue haleine et pleine de surprises. La modélisation 3D ne permettant pas d'apprécier l'expression des visages des personnages, les dialogues sont ponctués d'images d'inspiration manga, présentes sous de multiples formes pour permettre un panel d'expressions très large. Certains dialogues importants sont même doublés, même si l'on regrettera qu'ils ne soient pas plus nombreux.
Le gameplay est tout simplement révolutionnaire, et repose sur un système de jeu déjà instauré dans le volet précédent. Les combats se font au tour par tour à l'aide d'une jauge située au bas de l'écran qui permet de connaître à tout moment et avec précision dans quel ordre vont intervenir les personnages du groupe et les ennemis. Les possibilités d'action sont multiples et procurent aux combats un aspect tactique particulièrement efficace qui repose sur une parfaite évaluation des distances et un timing très précis. Déclencher un coup critique alors que l'ennemi est en train d'amorcer son coup annule son attaque, et fait redescendre sa position dans la jauge d'action pour permettre à un compagnon situé normalement plus bas d'intervenir avant lui et de l'achever avec une combo. Les coups spéciaux et autres magies, plus meurtrières mais longues à sortir, sont à placer judicieusement, et les parades ne sont pas non plus à négliger. Une esquive vers un autre point de l'écran vous mettra momentanément hors de danger pour mieux contre-attaquer. De même, une position défensive sera beaucoup plus judicieuse qu'une attaque lancée tardivement, car si vous pouvez placer des contres, vos ennemis peuvent faire de même.
Pour compliquer encore les choses et pousser au maximum la dimension tactique, il sera également possible d'intervenir avant un ennemi ayant pourtant l'initiative, si celui-ci attaque un personnage éloigné. Le résultat à l'écran est excellent. C'est parfois dix créatures qui évoluent en même temps en plaçant contres, esquives, sorts et combos, ce qui donne un dynamisme permanent aux combats. Le gameplay est donc sans aucun doute le point fort de Grandia 2, bannissant définitivement l'aspect répétitif et lassant inhérent aux autres jeux de rôle. A noter bien sûr que ces affrontements ne sont pas aléatoires, chaque créature étant visible à l'écran, et qu'il est possible de les éviter. À cela s'ajoute un système de pièces spéciales et de pièces magiques, qui vous serviront de points de compétence qu'il vous faudra répartir entre les coups spéciaux et les sorts magiques de chaque personnage pour apprendre de nouvelles compétences ou simplement les upgrader. Une tâche particulièrement intéressante qui rend la quête incessante de points d'expérience vraiment passionnante.
Hélas, textes et voix sont et resteront en anglais, limitant ce titre pourtant sublime à un public restreint. Grandia 2 n'aura donc certainement pas l'impact et le succès qu'il méritait auprès du public français, mais ceux qui feront l'effort profiteront d'une expérience inoubliable. Certains regretteront en plus de cela la piètre qualité des séquences cinématiques, peu nombreuses, trop courtes, et globalement assez décevantes lorsque l'on est passé par la case FF9. La plupart des invocations déclenchent ces cinématiques plutôt étranges, mélange d'images de synthèse, d'anime japonais, et d'animations utilisant le moteur du jeu. L'autre élément qui déçoit par rapport au titre de Square concerne les animations des personnages qui, même si la modélisation est parfaite, donnent un aspect beaucoup trop figé aux personnages en dehors des combats. L'aventure, dont seuls les anglophones pourront profiter, reste également un peu trop linéaire, même si le scénario est intéressant et les dialogues aussi fun que dans un manga.
Source : Romendil, www.jeuxvideo.com
Voir la description anglaise
If you can see your way past an obnoxious main character and a fairly linear gaming experience, you'll find a lot to enjoy in Grandia 2. The battle system surpasses that of any other RPG on the market, and you'll be going out of your way to hunt down innocent little monsters and deliver them to their final reward. The minor and incidental characters are all significantly more amusing and interesting than most of the major characters, and most of their dialogue is light, funny, and everything good RPG dialogue should be. It's a shame that the story is so straightforward; the game could stand to give players a little more freedom (or at least a little more reason) to explore the world Game Arts has created. While Grandia 2 succeeds in sustaining the quality of the original, it does little other than give an amazing facelift to the game that was first introduced on the Saturn. However, that's enough to warrant a purchase for most RPG fans; let's just hope the inevitable sequel shows a bit more innovation.